lundi 16 novembre 2015

Négociations secrètes pour sortir la Syrie du chaos

Les combats se poursuivent en Syrie. Mais c’est à Zurich, loin des projecteurs, que s’est tenue une rencontre peut-être déterminante pour l’avenir du pays.
Image: Reuters

Suisse : Une rencontre discrète a eu lieu à Zurich. Vladimir Poutine est à la manœuvre. Genève est tenu à l’écart.

 

La prochaine réunion sur la Syrie doit se tenir à Vienne ce week-end [le w-e dernier.NDLR]. Mais c’est à Zurich, loin des projecteurs, que s’est tenue une rencontre peut-être déterminante pour l’avenir de la Syrie. Les négociations progressent, empruntant parfois des chemins de traverse, comme en témoigne cette réunion secrète qui s’est tenue à Zurich il y a une quinzaine de jours. Un événement dont la Tribune de Genève a eu connaissance et qui atteste de discussions déjà très poussées.


Des diplomates russes ont participé à cette rencontre qui réunissait des représentants de l’opposition armée et du gouvernement syrien, un représentant de Staffan de Mistura, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, et des diplomates italiens et allemands. Voilà pour ce qui est formellement établi. Sans doute y avait-il d’autres participants. Une chose est sûre, toutes les parties prenantes au dossier n’ont pas été avisées de cette initiative. Autre certitude, ce n’est plus Sergueï Lavrov qui est à la manœuvre mais Vladimir Poutine. Selon des proches, le président russe veut «rétablir un climat de confiance avec les Occidentaux». Mais attention, «pas question de confondre cela avec une opération de charme», précise-t-on.
Pour l’instant, le plan russe de transition politique qui a fuité dans les médias a été accueilli froidement. Vladimir Poutine aurait convaincu Bachar el-Assad d’organiser une élection dans dix-huit mois. Un scrutin assorti d’une réforme constitutionnelle à laquelle le président syrien se serait engagé à ne pas participer. Poussé à faire des concessions par son allié russe, Bachar el-Assad n’aurait pas très bien réagi. Le processus proposé, conduit sous l’égide de l’ONU, prévoit d’inclure le vote des Syriens de l’étranger, notamment celui des réfugiés installés dans les camps turcs. Ce dont il ne veut pas entendre parler.

Pas de Genève 3 en vue
Pour le moment, la convocation d’un Genève 3 n’est pas à l’ordre du jour. Les acteurs du dossier n’ont pas l’intention de se retrouver pour une grande conférence de paix tant qu’ils n’auront pas la certitude d’un accord solide et définitif accepté par tous. A-t-on des chances de voir Genève reprendre la main sur Vienne d’ici à la fin de l’année? Peu probable. Il reste d’énormes points de blocage mais les choses avancent quand même. A Genève, chacun y va de ses petites cachotteries pour éviter d’ébruiter les tractations en cours. Vendredi dernier, c’est Staffan de Mistura qui recevait à Genève, dans la plus grande discrétion, Khaled Khoja, le président de la Coalition nationale syrienne. Les pays qui doivent se retrouver à Vienne ce week-end pour poursuivre les discussions de paix sur la Syrie ne jouissent pas tous des mêmes informations. Ce qui est source de tensions.
Au Palais des Nations, les correspondants de presse étrangers ragent, eux aussi, d’être tenus à l’écart. Staffan de Mistura a accordé récemment des interviews à des médias autrichiens et italiens. Ce qu’il a refusé de faire jusqu’à présent à Genève, ouvrant ainsi la voie à toutes les spéculations.

Rifaat el-Assad hors jeu
Récemment, le journal Le Temps s’interrogeait sur la présence dans la Cité de Calvin de Rifaat el-Assad, l’oncle de Bachar el-Assad. En froid depuis longtemps avec le président syrien, certains l’imaginent pouvoir jouer un rôle. «Impossible! La proximité de Rifaat avec l’Arabie saoudite constitue un obstacle majeur», souffle-t-on dans les couloirs de l’ONU. Riffat hors jeu, il reste son fil Siwar el-Assad. Certains auraient pensé à lui. Selon une source diplomatique, les autorités françaises auraient encouragé ce dernier à entrer dans le jeu politique «pour diviser le clan Assad», en échange de la garantie de ne pas voir ses comptes bloqués dans le cadre des mesures de représailles visant la famille du président syrien. Une offre que l’intéressé aurait rejetée.
En fait, le cercle des personnalités et des groupes appelés à négocier une transition politique avec le gouvernement syrien serait en train de se resserrer. S’ils ont des points de désaccord, Russes et Américains auraient en commun la même volonté d’en finir avec la crise syrienne. Washington aimerait bien clore ce chapitre avant l’élection présidentielle. Poutine, qui redoute un enlisement qui serait dévastateur pour sa popularité, n’a pas envie non plus de voir les négociations s’éterniser.

Points de blocage
S’il y a un accord sur un processus politique, il sera arraché au forceps. Toutes les discussions se cristallisent aujourd’hui autour de l’établissement de deux listes acceptées par tous. Une première qui recense les groupes terroristes à sortir du jeu par la force. Une seconde qui fournit les noms des organisations et des personnes incluses dans le processus politique. Si elle n’a encore pas permis des avancées significatives, l’entrée de l’Iran à la table des négociations a eu au moins le mérite de mettre les acteurs régionaux face à face. Aujourd’hui, l’un des points de blocage concerne le Hezbollah, que l’Arabie saoudite souhaite voir inscrit sur la liste des groupes terroristes à éliminer. Demande rejetée par les Syriens et leur allié iranien.

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