mardi 28 juillet 2015

Crash du MH17 : toute la lumière doit être faite


L'ambassadeur de la Fédération de Russie en France, Alexandre Orlov, répond à ceux qui ont mis en cause «les séparatistes» du sud-est de l'Ukraine dans la tragédie de l'avion de la Malaysia Airlines, le 17 juillet 2014.

Il y a juste un an, le 17 juillet 2014, un avion de Malaysia Airlines, vol MH17, a été abattu dans le ciel de l'Ukraine, emportant la vie de 298 personnes. Cette tragédie a bouleversé le monde entier. Aujourd'hui nos pensées vont avant tout aux familles et aux proches des victimes innocentes.

Le 21 juillet 2014, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l'unanimité la résolution 2166, qui a diligenté une enquête internationale, en fixant son cadre et ses modalités. Le rôle principal dans cette enquête revenait à l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), habilitée à effectuer ce genre d'enquête.

Où en est-on un an après la tragédie?
Force est de constater qu'apparemment l'enquête n'a pas beaucoup avancé. «Apparemment» puisque l'enquête, contrairement à la résolution 2166, est menée d'une façon opaque, sans aucune transparence. D'après le représentant du procureur général des Pays-Bas, les enquêteurs travaillent toujours sur deux hypothèses - l'avion a été abattu par un missile sol-air, soit par un avion de chasse qui a tiré sur l'avion malaisien un missile air-air. Les responsables de ce crime ne sont toujours pas identifiés. Une enquête sur le crash d'un avion prend toujours du temps et c'est normal. Néanmoins, dans le cas de l'enquête sur le crash de l'avion de Malaysia Airlines, il existe un certain nombre de faits qui mettent en doute le caractère objectif et impartial de l'enquête.

Commençons par la précipitation avec laquelle des autorités de Washington et de Kiev, sans attendre les résultats de l'enquête, ont déclaré du jour au lendemain que l'avion avait été abattu par les «séparatistes» du sud-est de l'Ukraine. Pourtant, contrairement à la Russie qui a rendu publiques, le 21 juillet 2014, les photos satellites et autres informations sur le site du crash, ni les États-Unis ni l'Ukraine n'ont fourni jusqu'à maintenant aucune information concernant l'avion de Malaysia Airlines. Il s'agit notamment des photos faites par les satellites américains(et on sait que le jour du crash il y avait au moins deux satellites espions américains dans cette zone) et des communications entre les contrôleurs du ciel ukrainiens et l'avion malaisien.
On peut aussi s'étonner du fait que les enquêteurs se sont rendus sur place plusieurs jours après le crash, et jusqu'à présent plusieurs morceaux de l'avion abattu restent sur le lieu du drame comme s'ils n'intéressaient pas vraiment les enquêteurs parce que les coupables de ce crime ont été désignés d'avance. Et pourtant, les impacts des projectiles sur le fuselage de l'avion montrent bien que l'avion a été mitraillé par un avion de chasse, de toute évidence un Mig-29, avant d'être abattu par un missile air-air tiré du même avion. Or les «séparatistes» du sud-est de l'Ukraine n'ont pas d'avions.

D'ailleurs, il y a des témoins qui ont vu dans le ciel au-dessus du lieu du crash un avion de chasse tirer sur l'avion de Malaysian Airlines. Néanmoins, ces témoignages ont été apparemment écartés par les enquêteurs parce qu'ils n'étaient pas conformes à la version des faits approuvée dans les hautes sphères avant même que l'accident se soit produit. Remarquons au passage que si l'avion avait été abattu par un missile sol-air, celui-ci aurait laissé une trace blanche dans le ciel, visible pendant un bon moment. Or personne n'a jamais vu une telle trace. Le problème est que dès le départ cette enquête a été extrêmement politisée.
Souvenez-vous que, quelques jours après le crash, les États-Unis et l'Union européenne ont introduit des sanctions sectorielles contre la Russie. Pour eux, ce drame humain était un cadeau du ciel, à moins que ce cadeau n'ait été commandé. La Russie est la première intéressée à ce que toute la lumière soit faite et que les coupables soient traduits en justice. Qui doit rendre cette justice?

La question est posée et elle doit trouver sa réponse adéquate. Par le passé, dans les cas similaires, cette justice a été rendue par les tribunaux des pays concernés. Jamais un tribunal international n'a été constitué à ces fins! Et pour cause - le Conseil de sécurité des Nations unies, par son statut, n'est pas habilité à juger les crimes pénaux. Et dans l'affaire du crash de l'avion de Malaysia Airlines, nous sommes bien en présence d'un crime pénal, aussi odieux soit-il. La Fédération de Russie a introduit au Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution qui demande de mener l'enquête d'une façon transparente et impartiale, conformément à la résolution 2166 adoptée le 21 juillet 2014, pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances du drame et que les coupables soient traduits en justice. L'affaire est trop sérieuse pour en faire un enjeu géopolitique.  

Le Figaro

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