mercredi 20 mai 2015

Sergueï Lavrov sur sa rencontre avec John Kerry à Sotchi (mai 2015)

Sergueï Lavrov

Réponses à la presse du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors du Déjeuner d'affaires organisé par la rédaction du quotidien Rossiïskaïa gazeta, Moscou, le 18 mai 2015


Question: Tout le monde s'intéresse à la situation en Ukraine, à la poursuite du dialogue au format de Minsk. Tout le monde a entendu que des pourparlers très difficiles ont eu lieu avec le Secrétaire d’État américain John Kerry, mais on ignore de quoi il était question. Pourriez-vous nous en dire plus? Que pouvez-vous dire au sujet de l'éventuelle participation de la partie américaine au règlement de la situation en Ukraine? Quelles actions peuvent être attendues de la part de la Russie et des USA pour normaliser les relations bilatérales? Peut-on envisager à terme une rencontre entre les présidents de la Russie et des USA? Parlez-nous de la visite d'aujourd'hui de la Sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland à Moscou.

Nous vous avons vu à Sotchi au volant d'une GAZ Pobeda. Qui l'a mise à votre disposition? Quelle impression a-t-elle fait sur John Kerry?

Sergueï Lavrov: Quand nous sommes venus à Sotchi pour préparer la visite de John Kerry, un représentant du ministère des Affaires étrangères m'a présenté à un habitant, Vartan Eremian, mécanicien et descendant de participants à la Grande Guerre patriotique (une rue de Sotchi porte même le nom des frères Eremian). Entre autres, Vartan Eremian répare et restaure des voitures rares. La Pobeda dont il est question avait été offerte à un vétéran de la Grande Guerre patriotique, qui vivait à Sotchi et était un ami de Vartan Eremian. Avant sa mort, le propriétaire a légué sa voiture à Vartan Eremian en lui disant: "Tu sais entretenir les voitures, je veux que cette Pobeda t'appartienne, pour qu'elle serve le plus longtemps possible à ce qu'on se souvienne ce qu'est la Victoire (Pobeda en russe) et ce qu'elle signifie pour nous".

Quand il m'a raconté cette histoire, Vartan Eremian m'a proposé d'arriver avec cette voiture devant la Flamme éternelle du mémorial dédié aux soldats de Sotchi morts au combat, aux personnes décédées dans les hôpitaux où arrivaient les blessés du front. Tout cela faisait sens, surtout que nous avions prévu une cérémonie de dépôt de gerbes à ce monument au début de la visite de John Kerry à Sotchi. Je l'attendais sur place, le Secrétaire d’État était venu avec son cortège. Nous avons organisé une cérémonie qui l'a beaucoup touché. Plusieurs dizaines, voire centaines de jeunes qui tenaient des bougies. Le Secrétaire d’État était vraiment ému. Je lui ai demandé s'il ne voulait pas venir avec moi pour se rendre avec cette voiture vers le lieu des pourparlers. Il a répondu: "Cela aurait été avec joie, mais nous avons nos règles, notre service de sécurité, et il aurait fallu le convenir préalablement". C'est tout ce qui concerne la Pobeda.

GAZ Pobeda

Maintenant passons à l'Ukraine. Pendant notre entretien (à Sotchi) nous n'avons pas parlé uniquement de ce dossier, mais il a occupé la majeure partie de notre temps. Ce thème a encore pris beaucoup de place dans la conversation entre le Président russe Vladimir Poutine et John Kerry. Le sens de nos entretiens se résume à la recherche de dénominateurs communs. Cela a été assez rapide parce que la Russie et les USA soutiennent la mise en œuvre à part entière des accords de Minsk. Mais le diable est dans les détails: les points concrets des accords de Minsk du 12 février, les tâches concrètes des sous-groupes de travail créés à Minsk le 6 mai, ainsi que l'interprétation des tâches concrètes. Sur ces détails, nos points de vue divergent. Le 12 février à Minsk, nous, les dirigeants des quatre États du "format Normandie", partions de la nécessité d'un respect rigoureux de la succession des tâches fixées dans les accords pour régler la crise, mais aussi du contenu de ces accords.

Les Américains ont une interprétation quelque peu différente, même si de notre point de vue des choses justes convenues avec le Président ukrainien Petro Porochenko et ses représentants dans le Groupe de contact sont écrites noir sur blanc. Il n'y a rien de discutable. Par exemple, il est écrit que les élections municipales doivent être organisées sur les territoires contrôlées par les insurgés des régions de Donetsk et de Lougansk conformément à la loi ukrainienne et de concert avec les représentants de ces deux républiques autoproclamées. Les Américains disent: "La loi ukrainienne existe, il faut dont organiser les élections en conformité avec cette loi". La loi sur le statut particulier de ces territoires a déjà été convenue avec Lougansk et Donetsk en septembre (2014) et il faut simplement l'adopter. Mais en l'adoptant ce printemps la partie ukrainienne a déformé son contenu en y apportant des amendements qui signifient au fond le statut de ces territoires comme "occupé" et que les représentants de Lougansk et de Donetsk représentent on ne sait qui sur ces territoires occupés, et que les élections s'y tiendront quand ces territoires seront complètement contrôlés par Kiev. C'est une interprétation complètement déformée et même pervertie, directement opposée à ce qui est écrit dans les accords de Minsk.

Nous avons initié la création des sous-groupes de travail après le sommet de Minsk du 12 février. En exploitant leur activité nous ferons en sorte que les membres de chacun de ces sous-groupes – économique, politique, humanitaire, pour la sécurité – prennent en charge la partie correspondante des accords de Minsk et la mettent en œuvre. En effet, cela nécessitera un changement de la position actuelle des autorités de Kiev qui, en annonçant leur attachement total aux accords de Minsk, rejettent en réalité le principe clé de leur mise en œuvre – le dialogue direct avec Lougansk et Donetsk. Ce dialogue direct est la clé pour régler les questions du statut particulier provisoire, l'organisation des élections municipales sur ces territoires et la réforme constitutionnelle, dans le cadre de laquelle les positions de Donetsk et de Lougansk doivent être entièrement prises en compte en ce qui concerne ces territoires. La réforme constitutionnelle est appelée à transformer ce statut particulier de provisoire en permanent. Tout cela y est écrit.

Il est très difficile de dialoguer avec des gens qui disent "oui, nous sommes d'accord avec vous, il faut tout mettre en œuvre, mais c'est à vous de le faire, vous devez les forcer à se rendre, renoncer au fait qu'ils ont été élus par le peuple et assurer le rétablissement du contrôle total de Kiev sur les frontières de ces territoires avant que tout le reste soit fait". Les accords de Minsk stipulent que le contrôle le long de la frontière russo-ukrainienne dans la partie tenue actuellement par les insurgés sera établi quand toutes les démarches que j'ai énumérées seront mises en œuvre (le statut particulier provisoire, les élections municipales, la levée du blocus économique et la réforme constitutionnelle). Nos partenaires n'ont pas d'arguments à ce sujet, même si, je le répète, ils prônent verbalement l'accomplissement des accords de Minsk, mais qu'en actes ils cherchent à tout changer. J'espère que ce qui a été convenu (sur la nécessité d'influer sur les deux parties, parce qu'il y a aussi des choses à exiger de Lougansk et de Donetsk pour un cessez-le-feu plus rigoureux, même si les principales provocations sont entreprises par les autorités ukrainiennes) sera respecté, que les USA useront de leur influence et de leur poids sur les autorités de Kiev pour les convaincre de remplir les accords de Minsk. Au regard de ce que j'ai dit sur les tentatives d'interpréter ces accords de manière biaisée, ce processus ne sera pas simple. Et nous, nous continuerons de travailler avec les représentants des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk.

La visite de la Sous-secrétaire d’État Victoria Nuland fait suite aux entretiens du 12 mai à Sotchi. Mes collègues, notamment le Vice-ministre des Affaires étrangères Karassine, qui supervise les relations avec l'Ukraine, s'entretiendra avec elle précisément pour que Washington fasse pression sur Kiev, premièrement pour empêcher tout échec ou scénario de force et, deuxièmement, pour entamer le processus politique à travers un dialogue direct avec Donetsk et Lougansk.

Question: Où en sont les relations russo-américaines est quel est leur avenir? Comment interpréter la visite du Secrétaire d’État américain John Kerry?

Sergueï Lavrov: Il me semble que dans le quotidien Rossiïskaïa gazeta et sur le web, cette visite a déjà été suffisamment analysée. Cela signifie avant tout que les tentatives d'isoler la Russie échouent. Les questions soulevées par John Kerry ne concernent pas seulement l'Ukraine, mais aussi la Syrie, le Yémen et bien d'autres - des questions qu'il est très difficile de régler sans la Russie.

Je suis reconnaissant envers mon collègue américain et je pense qu'il a agi de manière très responsable. Nous avons évoqué franchement et honnêtement tous les conflits régionaux qui nuisent aujourd'hui à des millions de gens et entraînent des morts de masse.

Bien évidemment, nous avons parlé des relations russo-américaines. Nous avons une position parfaitement honnête – nous sommes prêts à mettre en œuvre tout ce qui a été convenu avec les Américains, y compris en ce qui concerne le fonctionnement des mécanismes de coopération bilatérale. Il existait une Commission présidentielle, dans le cadre de laquelle ont été créés 21 groupes de travail sur les domaines pertinents de coopération économique, humanitaire et de sécurité internationale. Il est évident que quand deux pays comme les USA et la Russie cessent soudainement de communiquer sur toutes ces questions, leurs décisions rencontrent objectivement de nouveaux problèmes. Nous avons senti de la part de nos partenaires un intérêt pour relancer la coopération dans la lutte contre le terrorisme, le crime organisé, les menaces de prolifération des armes de destruction massive sous ses diverses formes. J'espère qu'après l'analyse des pourparlers de John Kerry, nos partenaires américains entreprendront des démarches pour reprendre la coopération. Nous sommes prêts. Mais ce n'est pas nous qui avons rompu les contacts. Ceux qui l'ont fait doivent revoir leur position.

Question: La plupart des négociations entre les Six et l'Iran se tiennent à huis clos, leur contenu demeure secret. La dernière percée internationale concerne le progrès des négociations. Comment cela a-t-il été possible?

La décision de la Russie de fournir à l'Iran des systèmes sol-air S-300 préoccupe certains partenaires de la Russie, pas seulement Israël et les USA, mais bien d'autres. Dans quelle mesure cette décision a-t-elle été objective? Quelle est son importance pour la Russie? N'est-ce pas une erreur en politique étrangère?

Parle-t-on de l'éventuelle adhésion de l'Iran à l'OCS au sommet de cette année, à l'occasion de la levée des sanctions contre ce pays?

Sergueï Lavrov:
Le programme nucléaire iranien a été discuté très activement ces derniers 18 mois. Des progrès notables ont été enregistrés et toutes les parties cherchent à trouver un accord. La réunion de Lausanne du 2 avril a marqué une percée, qui a permis de convenir d'un cadre politique pour le futur accord. Les experts travaillent actuellement sur la concrétisation de ces accords dans des formulations juridiques et techniques. Cela a été possible grâce à la compréhension, par les participants au processus et l'Iran, du fait qu'il n'était pas dans leur intérêt de tirer inutilement sur la corde. Je me réjouis que les participants russes aient proposé une formule convenable pour tous et permettant de tomber d'accord sur les fondements du travail à suivre – la progression par étapes et la réciprocité, quand chaque démarche de l'une des parties s'accompagne d'une démarche de l'autre partie. Ce principe a fonctionné.

Nos experts – avant tout le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov – ont également émis des propositions sur ce que Téhéran devait faire avec l'enrichissement de l'uranium après le règlement de son programme nucléaire et après d'autres décisions techniques concernant, entre autres, la nécessité d'assurer un équilibre des intérêts du point de vue de la levée des risques de prolifération des technologies nucléaires. Ces propositions ont permis d'avancer dans les négociations. Dans notre travail actuel nous accordons une attention particulière à ce que les solutions qui seront finalement élaborées ne créent aucun précédent pour l'activité de l'AIEA, pour le système de garanties que l'Agence offre universellement à tous ses participants et pour les méthodes garantissant la non-prolifération et le contrôle des exportations. De ces accords dépendent les possibilités de développer des relations économiques légitimes avec d'autres pays. Il est primordial de ne pas créer des obstacles artificiels, de ne pas chercher à profiter de ce processus comme d'un prétexte pour une concurrence déloyale.

Nous pensons que le délai souhaitable défini par les Six et l'Iran – le 30 juin prochain – peut parfaitement être respecté et que l'accord sera convenu. Cela demandera à terme de travailler au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, parce qu'il existe déjà un accord pour approuver cette entente par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies et d'y prévoir immédiatement toutes les démarches qui la composent, ce qui inclut évidemment la levée des sanctions. Nous souhaitons que toutes les mesures punitives décrétées par le Conseil de sécurité des Nations unies soient levées rapidement, notamment celles adoptées sans lien avec le besoin de persuader l'Iran de respecter les règles de l'AIEA. Certaines sanctions économiques, notamment unilatérales, ont été décrétées dans le cadre de cette tâche. Je suis donc prudemment optimiste, mais avec un accent sur l'optimisme.

Système lance-missile S-300
En ce qui concerne les systèmes S-300, leur livraison à l'Iran n'a jamais été interdite par le Conseil de sécurité des Nations unies, même par les sanctions unilatérales des Américains et des Européens qui portaient d'une manière ou d'une autre sur le problème des S-300. La suspension de ce contrat a été initiée par la Russie pour satisfaire nos partenaires occidentaux selon qui cela rendrait l'Iran plus constructif dans les négociations. Nous avons écouté cet argument et l'avons expliqué à nos partenaires iraniens. Mais suffisamment de temps s'est écoulé depuis. Le progrès positif fondamental des négociations et les accords de Lausanne méritent, selon nous, d'encourager l'Iran à poursuivre la coopération non plus en suspendant un contrat mais au contraire en levant nos propres restrictions unilatérales et en passant à l'exécution du contrat.

L'accord d'automne 2013 était intermédiaire et a été rempli en un an – l'Iran a accepté les démarches qu'il devait accomplir, et à leur tour les pays occidentaux, notamment les USA, ont affaibli leurs sanctions unilatérales. Si les Américains encouragent l'Iran pour sa participation constructive aux négociations en réduisant leurs restrictions unilatérales, pourquoi alors la Russie devrait agir autrement sur le plan politique - et en principe? Nous sommes convaincus qu'il faut le faire.

Du point de vue de la sécurité régionale, les S-300 ne représentent aucune menace pour qui que ce soit et ne causent de problèmes à personne, à moins, bien sûr, que quelqu'un ne décide de bombarder l'Iran. Nous avons vu par l'exemple du Yémen que de tels excès étaient envisageables. C'est pourquoi les systèmes de défense qui préviennent les risques et réduisent la tentation de recourir aux attaques s'inscrivent dans la droite ligne de notre position, qui consiste depuis de nombreuses années à promouvoir l'idée de création d'un système de sécurité régionale dans le Golfe avec la participation de tous les pays arabes et de l'Iran. Les pays qui, selon notre conviction, doivent potentiellement commencer à coopérer adoptent pour l'instant des positions différentes. Parmi les pays arabes du Golfe certains sont prêts à en parler, d'autres estiment qu'il faut d'abord s'assurer que l'Iran n'a aucune intention agressive. Téhéran n'a attaqué personne depuis des décennies. Mais l'Iran a été attaqué, y compris par le biais de l'Irak de Saddam Hussein en utilisant des armes chimiques.

Il faut évidemment prendre en compte tout le complexe, si vous voulez, des sentiments historiques des États qui ne peuvent pas s'occuper de leur sécurité. Je ne suis absolument pas d'accord avec ceux qui disent que c'était une erreur politique. Je me référerais au Président américain Barack Obama: quand nous avons annoncé la décision de reprendre le contrat pour fournir des S-300, on lui a demandé s'il cela ne préoccupait pas les USA. Il a répondu que non et a même été surpris de voir que les Russes avaient mis cinq ans à relancer ce processus. La réaction qui a suivi après l'annonce de notre intention de relancer le contrat n'était pas alarmiste, mais pesée, objective et reflétait la compréhension des analystes de la justesse et du caractère inévitable de cette démarche.

L'Iran a déposé sa candidature à l'OCS depuis longtemps. Étant donné que les critères d'adhésion de cette Organisation exigent que le candidat ne fasse l'objet d'aucune sanction du Conseil de sécurité des Nations unies, sa requête n'a pas encore été formellement examinée. Mais dès que l'accord sur le programme nucléaire iranien sera fixé, il n'y aura plus aucun obstacle à l'adhésion de l'Iran à l'OCS. Compte tenu de toutes les circonstances, la Russie espère qu'au sommet de l'OCS d'Oufa, où sera officiellement ouverte la procédure d'adhésion à l'OCS de l'Inde et du Pakistan (il existe déjà une entente générale), nous pourrons prendre une décision qui soulignera notre disposition à promouvoir l'adhésion de l'Iran au fur et mesure de l'avancement du règlement du programme nucléaire iranien et, par conséquent, la suppression des raisons pour maintenir les sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies. Il est encore trop tôt pour en parler, parce que beaucoup de choses peuvent encore se produire d'ici deux mois. Mais j'ai de bonnes raisons de croire que le progrès sera suffisant pour que les chefs d’État présents à Oufa reçoivent, de la part des ministres préparant le sommet, la proposition de prendre une décision politique qui indiquerait une perspective claire d'adhésion de l'Iran.

Question: De nombreuses délégations étrangères étaient présentes à Moscou les 8, 9 et 10 mai. Le Président a participé à de nombreux entretiens et vous étiez présents à la plupart d'entre eux. Pouvez-vous nous donner certains détails sur ces réunions?

Sergueï Lavrov:
Dans l'ensemble il n'y a pas de grands secrets. Certains dossiers en sont au stade de la concertation avec nos partenaires. La visite officielle du Président chinois Xi Jinping, le 8 mai à la veille de la journée de la Victoire, et la majeure partie de la journée consacrée aux activités dans le cadre de cette visite n'avait rien de secret. Les accords convenus sont transparents, nous n'avons rien à cacher, nous ne faisons pas d'intrigue contre qui que ce soit. Je noterais la Déclaration commune sur la poursuite de l'approfondissement de notre partenariat stratégique avec la Chine; la très importante Déclaration commune signée par les deux chefs d’État sur la connexion entre l'intégration économique eurasiatique et le projet chinois de "Ceinture économique de la Route de la soie", l'important Accord intergouvernemental sur la coopération dans le domaine de la sécurité informatique internationale. La Russie, la Chine et nos partenaires de l'OCS, de l'OTSC et du groupe des Brics soutiennent activement ces thèmes dans le cadre de l'Onu pour faire en sorte que les acquis des dernières décennies dans les technologies informatiques et de communication ne soient pas utilisés pour nuire à tel ou tel pays, pour éviter l'abus de ceux qui contrôlent divers segments de l'internet, et que les États soient égaux dans le domaine des droits de l'homme également, comme le prescrit la Charte de l'Onu où l'équité n'est limitée par aucune sphère d'activité mais est déclarée et fixée dans le droit international en tant que principe fondamental.

Hormis le sommet sino-russe, le Président russe Vladimir Poutine a rencontré les dirigeants de l'Inde et de l'Afrique du Sud. De la même manière qu'avec le Président chinois Xi Jinping, ils ont parlé du renforcement du groupe des Brics, y compris dans le cadre de la préparation de son sommet qui se tiendra juste après celui de l'OCS à Oufa début juillet.

Les dirigeants de la CEI, également venus assister aux festivités, se sont également rencontrés de manière informelle. Les chefs d’État ont évoqué l'ensemble de notre travail commun à l'occasion du 70e anniversaire de la Victoire et de l'Année des vétérans de la CEI organisée cette année. Des aspects concrets des processus d'intégration dans l'espace de la CEI ont été étudiés.

Pour la première fois depuis le début du fonctionnement de l'Union économique eurasiatique (UEE) s'est tenue la réunion du Haut conseil économique eurasiatique qui a fixé définitivement l'adhésion du cinquième membre – le Kirghizstan. Désormais, au même titre que la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie et l'Arménie, le Kirghizstan est membre à part entière de l'UEE. Le Conseil s'est penché sur le renforcement de l'Organisation, ainsi que sur les tâches concrètes à court et moyen terme au vu de la situation économique mondiale.

Nous avons apprécié la venue de la Chancelière allemande Angela Merkel à Moscou le 10 mai, sa volonté de rendre hommage au peuple soviétique et à tous ceux qui sont tombés pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a rencontré le Président russe Vladimir Poutine. Ils sont essentiellement parlé de l'Ukraine dans le sens que j'ai déjà mentionné. A ce sujet, avec l'Allemagne, nous sommes d'accord sur la nécessité de remplir consciencieusement les accords de Minsk. La Chancelière Angela Merkel, qui a personnellement participé à la concertation sur le document du 12 février, sait parfaitement ce qu'il contient et comprend le caractère contre-productif des tentatives d'interpréter de manière déformée son contenu.

Le Président russe et la Chancelière allemande ont évoqué les questions caractérisant l'état actuel des relations entre la Russie et l'Union européenne. Je poursuivrai aujourd'hui à Bruxelles (où nous partons pour participer à la réunion de demain du Comité des ministères du Conseil de l'Europe) cette conversation avec la Haute représentation de l'Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité Federica Mogherini.

Question: La conversation ne sera certainement pas simple?

Sergueï Lavrov: Nous ne crions pas l'un sur l'autre, nous dialoguons.

Source

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire